Le monde romanesque de Georges Simenon
Une légende s’est formée autour de l’œuvre de Georges Simenon : traduite en cinquante-cinq langues, vendue à quelques cinq cent cinquante millions d’exemplaires, largement adaptée au cinéma et à la télévision, cette œuvre riche de plus de quatre cents titres n’obéit pas aux codes traditionnels de l’institution littéraire. Ce romancier populaire, connu pour la rapidité et la concision de son écriture, est entré par effraction dans la grande littérature. André Gide avait pourtant reconnu que « Simenon est le plus grand romancier de tous, le plus vraiment romancier que nous ayons en littérature. »
Nous essaierons de montrer à travers la série des Maigret et celles des romans « durs », appelés aussi « romans de la destinée » (avec, par exemple, des chefs-d’œuvre comme Les Sœurs Lacroix, la neige était sale ou les Anneaux de Bicêtre) que Simenon, en maître avéré des techniques narratives, a construit un monde romanesque d’une grande authenticité et qu’il éclaire de manière prodigieuse la condition humaine. Explorateur infatigable du réel sous toutes es formes, Simenon est ainsi parvenu à dresser un portrait de l’homme du XXe siècle confronté au malaise historique et existentiel de la modernité.