Stage art/musique/littérature : l’art russe à l’épreuve de la Révolution (1913-1939)

Stage art/musique/littérature : l’art russe à l’épreuve de la Révolution (1913-1939)

Détails de l'événement


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L’art russe à l’épreuve de la Révolution (1913-1939)

La Révolution russe surgit en plein cœur de la Première Guerre Mondiale en deux temps : février et octobre 1917. Le tsarisme bascule soudainement dans le bolchevisme. Lénine, figure de proue du nouveau régime prend les rênes du pays et proclame la paix avec l’Allemagne et la dictature du prolétariat, alors même qu’une guerre civile fait rage entre les Rouges et les Blancs.

Comme souvent, l’art a anticipé ces changements politiques radicaux. Grâce aux brillants collectionneurs que furent Stchoukine et Morosov, les artistes russes étaient depuis longtemps sensibilisés aux nouvelles tendances de l’art occidental. Gagnés par une frénésie créatrice, ils s’organisèrent en groupes d’avant-gardes, cherchant à dépasser non seulement les canons académiques mais aussi les limites de la représentation. Poètes, peintres et musiciens travaillaient de concert, comme en témoigne leur première œuvre commune – l’opéra Victoire sur le soleil jouée en 1913 à St Pétersbourg. Les événements à scandales se succèdent : en 1915, lors de la Dernière Exposition futuriste, Malevitch et Tatline jettent les bases de nouvelles esthétiques originales que sont le suprématisme et le constructivisme. Nombreux artistes, hommes et femmes, soutiennent avec grand enthousiasme la Révolution d’Octobre, mettant sans réserve leur talent au service du peuple (Maïakovski, Rodtchenko, Stepanova) et s’engageant dans la propagande du régime communiste à l’étranger (El Lissitzky). Depuis la fin du XIXème siècle, la culture russe fascine l’Occident (de Moussorgski à Tchékhov). Les scènes européennes accueillent des artistes d’exception (Ballets Russes, Stravinski, Scriabine). Après la révolution, une novelle diaspora (Nabokov, Berdiaev, Tsvetaïeva, Chagall, Rachmaninov) porte souvent un regard critique sur la destinée de l’ancien Empire. En URSS, la vie culturelle est rapidement réorganisée sous la tutelle du Commissariat du peuple à l’instruction : diverses écoles, associations officielles et syndicats exercent le contrôle sur les artistes, poètes et musiciens. La Révolution est interprétée de deux manières diamétralement opposées : les défenseurs d’un art radical et révolutionnaire (Mossolov, Vertov, Maïakovski, Akhmatova) se heurtent à ceux qui prônent l’éducation du peuple avec des messages simples et intelligibles.

L’accès de Staline au pouvoir fera déchanter la plupart des artistes d’avant-garde. Le Congrès de Kharkov (1930) marque la mise au pas des écrivains placés désormais sous l’égide du Réalisme socialiste. Cette nouvelle esthétique sera également imposée au monde artistique et musical (Eisenstein, Prokofiev). En 1936, Staline fustige violemment Lady MacBeth de Mzensk, poussant Chostakovitch à abandonner l’opéra au profit de la musique instrumentale soutenant la propagande d’Etat. Si certains adhèrent aux thèses d’une littérature prolétarienne (Gorki, Cholokhov), d’autres œuvrent dans la clandestinité au risque parfois de perdre la vie (Boulgakov, Mandelstam). Au moment de la signature du pacte germano-soviétique, les élans révolutionnaires sont définitivement brisés  et les artistes se voient contraints de célébrer le culte de la personnalité.