André Malraux (1901–1976) ou la légende du siècle

André Malraux (1901–1976) ou la légende du siècle

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La personnalité d’André Malraux demeure encore aujourd’hui insaisissable : en effet, quel rapport existe-t-il entre le jeune poète cubiste des années vingt et le pilleur de tombes cambodgiennes ? entre le contempteur du régime colonial indochinois et le notable gaulliste des dernières années ? entre le compagnon de route des républicains espagnols et le ministre de la Culture ? Homme de paradoxes, Malraux a fondé son œuvre sur cet adage : la vérité ne peut surgir que de la légende.

Nous tenterons de montrer la construction de cette légende biographique et littéraire : Malraux entremêle la vie et l’œuvre et joue des mystères pour se forger un destin et en dire toute la grandeur. Nous évoquerons le romancier des révolutions et des guerres qui obtient une célébrité internationale grâce à son évocation remarquable de la révolution chinoise dans Les Conquérants (1928) et La Condition humaine (1933) et de la guerre d’Espagne dans L’Espoir (1937). En mêlant actualité et fiction, Malraux amorce une réflexion métaphysique sur l’Histoire et l’engagement politique, revisitant les notions d’héroïsme, de liberté et d’angoisse existentielle à travers un mode de narration et d’écriture résolument moderne.

Dans les années cinquante, Malraux délaisse le roman pour une imposante réflexion sur la création artistique. Cette démarche esthétique, déployée dans les trois volumes de La Psychologie de l’art, permet d’établir le musée imaginaire de l’auteur, mêlant classiques et modernes, de Rembrandt à Picasso. Dans les années soixante, Malraux accompagne le retour politique du général de Gaulle, exerce une activité ministérielle mais ne délaisse pas pour autant la pratique littéraire : ses écrits autobiographiques réunis dans Le Miroir des limbes (1976) témoignent d’un renouveau de son inspiration, éclairant le parcours exceptionnel d’un écrivain qui n’a cessé de se confronter à l’histoire politique et artistique de son siècle.