Desnos, Prévert, Vian
Desnos, Prévert, Vian : trois écrivains en liberté qui n’ont cessé de refuser les honneurs et les mots d’ordre d’une époque pourtant prodigue en slogans idéologiques, trois écrivains qui ont célébré le monde par le rire et la poésie pour mieux se moquer de toutes les misères et de tous les désespoirs, trois écrivains explorant les marges pour mieux dynamiter les conventions de la littérature officielle. Robert Desnos qui a joué, selon André Breton, « un rôle nécessaire, inoubliable dans le surréalisme » a vu son destin brisé par la déportation et la mort au camp de Terezin en 1945. Ecrivain jouant avec les mots et les situations décalées, sondant le merveilleux au sein du quotidien, il a été la chantre de l’amour et de la liberté dans ses recueils de poésie et ses romans. Jacques Prévert, surréaliste à ses débuts sans accepter les impératifs dogmatiques du mouvement, connut un succès retentissant dès son premier recueil Paroles paru en 1946 et a d’emblée imposé une veine poétique singulière teintée d’anarchisme et de révolte. Son usage poétique de la langue parlée, son éloge du bonheur en dépit de l’absurdité avérée de l’existence, sa faculté de faire surgir la fantaisie des faits les plus banals font de Prévert le poète français le plus populaire et le plus lu de nos jours.Boris Vian n’est devenu un mythe qu’après sa mort prématurée en 1959 à l’âge de trente-neuf ans. Musicien, parolier, amateur de jazz, Vian a d’abord et avant tout été un écrivain. Dans ses romans, notamment L’Ecume des jours (1947), Il a su rendre un univers naïf et cruel où la merveilleux se confronte à l’absurde, révélant, à travers une langue inventive, une angoisse profonde de la maladie et de la mort.