Tristan Corbière ou la subversion poétique


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Tristan Corbière n’a connu de son vivant aucune gloire littéraire. Natif de Morlaix et fils de l’écrivain Edouard Corbière, il est mort en 1875 à l’âge de trente ans, après avoir publié Les Amours jaunes, son unique recueil poétique. Corbière ne doit son salut qu’à Paul Verlaine qui en a fait, en 1884, le premier de ses célèbres Poètes Maudits. Cette découverte posthume a permis de placer Corbière aux côtés de Rimbaud et de Laforgue, dans cette lignée de poètes qui, après 1870, a contesté radicalement le culte de l’art et de la beauté cher aux romantiques et aux parnassiens.

Dans Les Amours jaunes, Corbière fait l’éloge de sa Bretagne natale, croque la misère parisienne et encense les désespérés et les parias. Si les amours sont jaunes, la vie tout entière l’est aussi, à l’image de ce rire sarcastique et railleur qui ne le quitte jamais. Ce « poète contumace », rêvant d’amours impossibles, procède ainsi à un véritable sabotage de la parole lyrique : son intervention fut à ce titre décisive et annonce, dans un langage fulgurant, les expériences  les plus passionnantes de la poésie moderne