Les années folles à Paris


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Josephine BakerLes années folles à paris

Au sortir de la Première Guerre mondiale, la France exsangue fait tout pour oublier les horreurs qu’elle vient de traverser. L’histoire retient la décennie qui commence alors sous le nom d’Années Folles, période d’une joyeuse étrangeté. Tous les excès sont permis et encouragés et il convient d’être heureux à tout prix et de le faire savoir, quitte à ne pas ressentir les graves soubresauts d’un présent toujours en marche. De nombreux artistes, tels que Picasso, Chagall ou Modigliani, ont alors adopté Paris comme leur nouvelle patrie. La modernité s’y déploie au sein d’un fourmillement de mouvements : le dadaïsme (Tristan Tzara, Francis Picabia), le machinisme (Fernand Léger, George Antheil), le surréalisme (André Breton, Louis Aragon, Man Ray)… Les pérégrinations urbaines et nocturnes des surréalistes ne connaissent pas de limites. Soumis au principe du hasard objectif édicté par Breton, ils traquent les signes du merveilleux dissimulés sous le règne des apparences. Aragon, devenu « paysan de Paris », fait surgir par enchantement l’inconscient d’une ville : du passage de l’Opéra au parc des Buttes-Chaumont, ses déambulations le mènent aux confins du rêve et de l’amour. La figure bariolée d’Arlequin et le thème du cirque planent sur cette période, promulgués dès 1918 par le manifeste de Cocteau Le coq et l’Arlequin, de même que l’exotisme, porté notamment par Joséphine Baker. De son côté, Coco Chanel, autre égérie, incarne la figure de la femme libérée, la garçonne moderne. La soif de tout rendre beau donne naissance à l’esthétique Art Déco qui dicte le ton dans le domaine de l’architecture et du design de l’objet (Albert Laprade, Jean Deprés). Le bouillonnant quartier de Montparnasse accueille une foule d’excentriques et d’étrangers de passage dans des flots de jazz et d’alcool. Le Gaya, bar très prisé, est notamment fréquenté par Cocteau et le Groupe des Six, compositeurs rassemblés par ses soins. Lors de son déménagement dans le 8ème arrondissement, Louis Moysè, son propriétaire, le rebaptise Le Bœuf sur le toit, du nom du célèbre ballet de Darius Milhaud. Le tout Paris s’y presse pour écouter les duos pianistiques de Wiener et Doucet et un curieux mélange de jazz, de musique classique et de chanson populaire. Les écrivains américains de la Génération perdue (Hemingway, Fitzgerald) observent fascinés cette fête permanente qui anime la capitale française et que seule la Récession de 1929 remettra profondément en question.