Guy de Maupassant, romancier du désenchantement

 

Grâce aux conseils prodigués par Gustave Flaubert, Maupassant a pu s’initier très tôt aux règles de l’esthétique réaliste qui consistent à observer le monde en ayant recours au détail vécu et en refusant les leurres propres à une pensée subjective et romantique.

C’est aussi à tort qu’on a pu compter Maupassant parmi les disciples de Zola. Bien qu’ayant participé aux soirées de Médan et publié en 1880 dans le recueil éponyme la nouvelle Boule-de-Suif, qui devait lui apporter la célébrité, Maupassant n’a jamais adhéré aux principes de la doctrine naturaliste. Aucun idéal scientifique ou progressiste ne pouvait convenir à sa vision sombre et désespérée de la condition humaine. A travers ses romans et ses nombreuses nouvelles, qui font de lui un maître incontesté du genre à l’égal de Tchekhov, Maupassant apparaît comme un conteur lucide et pessimiste, puisant son inspiration dans son enfance normande et ses expériences parisiennes.

Nous aborderons ainsi en détails l’intense période créatrice de Maupassant qui court de 1880 à 1890 et nous évoquerons le tournant de l’œuvre, à partir de 1887, avec entre autres Le Horla, lorsque l’écrivain à délaissé progressivement l’évocation rationnel du réel pour atteindre les territoires du fantastique et de l’angoisse intérieure, annonçant de façon prémonitoire la folie qui devait l’emporter en 1893.