Les années folles à Paris

Les années folles à Paris

Détails de l'événement


Josephine BakerLes années folles à Paris (1919-1929)

Au sortir de la Première Guerre mondiale, la France exsangue fait tout pour

oublier les horreurs qu’elle vient de traverser. L’histoire retient la décennie

qui commence alors sous le nom d’Années Folles, période d’une joyeuse

étrangeté. Tous les excès sont permis et encouragés et il convient d’être

heureux à tout prix et de le faire savoir, quitte à ne pas ressentir les graves

soubresauts d’un présent toujours en marche.

De nombreux artistes, tels que Picasso, Chagall ou Modigliani, ont alors

adopté Paris comme leur nouvelle patrie. La modernité s’y déploie au sein

d’un fourmillement de mouvements : le dadaïsme (Tristan Tzara, Francis

Picabia), le machinisme (Fernand Léger, George Antheil), le surréalisme

(André Breton, Louis Aragon, Man Ray)… Les pérégrinations urbaines et

nocturnes des surréalistes ne connaissent pas de limites. Soumis au principe

du hasard objectif édicté par Breton, ils traquent les signes du merveilleux

dissimulés sous le règne des apparences. Aragon, devenu « paysan de

Paris », fait surgir par enchantement l’inconscient d’une ville : du passage

de l’Opéra au parc des Buttes-Chaumont, ses déambulations le mènent aux

confins du rêve et de l’amour.

La figure bariolée d’Arlequin et le thème du cirque planent sur cette période,

promulgués dès 1918 par le manifeste de Cocteau Le coq et l’Arlequin, de

même que l’exotisme, porté notamment par Joséphine Baker. De son côté,

Coco Chanel, autre égérie, incarne la figure de la femme libérée, la garçonne

moderne. La soif de tout rendre beau donne naissance à l’esthétique Art

Déco qui dicte le ton dans le domaine de l’architecture et du design de

l’objet (Albert Laprade, Jean Deprés).

Le bouillonnant quartier de Montparnasse accueille une foule d’excentriques

et d’étrangers de passage dans des flots de jazz et d’alcool. Le Gaya, bar

très prisé, est notamment fréquenté par Cocteau et le Groupe des Six,

compositeurs rassemblés par ses soins. Lors de son déménagement dans

le 8ème arrondissement, Louis Moysè, son propriétaire, le rebaptise Le

Bœuf sur le toit, du nom du célèbre ballet de Darius Milhaud. Le tout Paris

s’y presse pour écouter les duos pianistiques de Wiener et Doucet et un

curieux mélange de jazz, de musique classique et de chanson populaire.

Les écrivains américains de la Génération perdue (Hemingway, Fitzgerald)

observent fascinés cette fête permanente qui anime la capitale française et

que seule la Récession de 1929 remettra profondément en question.